jeudi 21 avril 2011

Le mail au service des « fouteurs de merde »



Le mail est devenu l’instrument parfait pour distiller le flou et l’inertie dans l’entreprise
- "Je t’ai envoyé un mail, tu ne m’as pas répondu"
- "Dans mon mail, je te le rappelai"
- " J’ai fait un mail pour avertir que je ne pouvais pas le faire…"
Il est tellement plus facile de se défausser derrière son écran d’ordinateur que face à quelqu’un ou même au téléphone. Pas de regard à affronter, pas de hausse de ton.

L’entreprise souffre trop de deux maux à l’heure actuelle : le manque d’échanges directs qui permettent de prendre des décisions et une « réunionite aigue » monopolisant les agendas et dans lesquelles les personnes se jaugent, se défient et finalement se regardent en « chien de faïence » avec au final des sujets qui restent en suspend !

Le mail est un instrument formidable de circulation de l’information. Ce n’est en aucun cas un canal de prise de décision : le manager qui informe ses équipes de décisions prises par mail renforce son image de « fuyant ses responsabilités », « n’assumant pas ses décisions ou celles de sa hiérarchie ».

Aujourd'hui plus personne n’imagine pouvoir travailler, organiser, diriger ses équipes sans son ordinateur et ses mails.
Mais qui se rappelle que la plus grande opération d’organisation et de logistique de tous les temps a été réalisée sans ordinateur et sans email, ni fax ? Le débarquement en Normandie du 6 juin 1994.
Qui se souvient que l’homme a marché sur la lune en utilisant des ordinateurs bien moins puissants que votre Iphone ?

Bien sur, les entreprises sont organisées pour travailler avec tous les outils de communication moderne : mail, visioconférence, intranet ou extranet, outil BI… C’est un plus mais qui a ses travers quand il est utilisé comme moyen de dépersonnalisation.
Une entreprise, c’est d’abord la valeur ajoutée de compétences qui travaillent ensemble et pour être optimale, il faut que ces compétences aient un minimum de contacts « humains ».

Le mail est l'instrument qui a révolutionné le statut des « stratèges » du « diviser pour mieux régner » en leur apportant un confort incomparable : inonder sans efforts les autres services ou ses collaborateurs de demandes ou réflexions sans « queue ni tête ».
Jouer sur les termes employés, les « objets ». Une pratique très répandue chez les virtuoses est, soit de ne pas mettre d’objet à ses mails, soit de répondre succinctement en prenant bien soin d’effacer l’historique des échanges : impossible de les mettre en défaut, faute de preuves.
Autre variante : répondre aux questions par d’autres questions, sans bien sur répondre.

Il est certain que chacun en a un dans son entourage professionnel car toutes les entreprises comptent ce genre de profils : l’entreprise n’est qu'un reflet de la diversité de la nature humaine. Simplement, ce qui se noie dans la masse de la société ou d’une grande entreprise, se remarque de suite – comme le nez au milieu du visage- dans une PME. L’effet est double : improductivité du poste occupé mais surtout perte d’un temps infini pour les autres collaborateurs.

Mais il faut garder le meilleur pour la fin : ces « fouteurs de merde » sont en général persuadés qu'ils bossent plus que quiconque (alors qu'ils ne font quasiment rien, rois de l’immobilisme) et qu’ils sont irremplaçables pour l’entreprise.

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